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Un peu d’histoire pour savoir de quoi on parle
Avant même le lancement de la Super Famicom, fin 1990 au Japon, Nintendo s’était rapproché du géant de l’électronique Sony pour l’élaboration et la fabrication d’un périphérique permettant à leur console de salon de faire tourner des jeux stockés sur support CD-ROM. C’est ainsi qu’à l’été 1991, Sony présente fièrement à la presse le prototype d’une console tout-en-un pouvant à la fois lire les cartouches de jeux Super Nintendo, mais aussi des jeux sur CD-ROM disposant d’une capacité de stockage bien plus élevée et d’un coût de fabrication bien plus faible. Cette version ne vit cependant jamais le jour suite à un désaccord financier entre les deux entreprises. Un nouveau partenariat entre Nintendo et Phillips fut établie dans le même but, mais ne donna, au final, rien de mémorable lui non plus.
Triste fin pour ce projet de Super Nintendo équipée d’un lecteur de CD-ROM qui ne verra finalement jamais le jour et que tous les amateurs de jeux vidéo de cette époque auraient voulu connaitre…
De années plus tard, Near (anciennement connu sous le pseudonyme de byuu), un développeur déjà très actif dans des projets de préservation du patrimoine vidéoludique et créateur de certains des émulateurs les plus fidèles à la machine, décide d’imaginer une puce rajoutant à la console les fonctionnalités supplémentaires dont elle aurait théoriquement bénéficié avec l’ajout de ce lecteur de CD-ROM abandonné. Il nomme cette puce « MSU1 » pour « Media Streaming Unit 1 » . Les années 90 étant maintenant assez loin, il conçoit cette puce en faisant fi de certaines limitations techniques de l’époque tout en respectant bon nombre d’autres contraintes assez strictes puisqu’il souhaitait qu’elle fonctionne aussi sur une console d’époque. Elle aura donc au final la possibilité de gérer jusqu’à 4 Go de données à une vitesse équivalente à un lecteur de CD-ROM 18x et la capacité de lire des fichiers audio en qualité CD.
Il conçoit donc techniquement cette puce, l’implémente dans ses propres émulateurs et publie le tout comme d’habitude en Open source pour que chacun puisse en profiter gratuitement et librement de son côté. Plus tard, désireux de voir sa création fonctionner sur une véritable console, il voit avec ikari_01, le concepteur de la cartouche flash « SD2SNES » , comment implémenter la puce MSU1 dans cet autre projet.
Quelques années passent, le projet MSU1 reste assez discret pendant un moment, puis quelques développeurs de talent commencent de plus en plus à s’y intéresser. Des hacks remplaçant la bande son de certains jeux sortent et certains s’amusent même à ajouter des séquences animées façon « FMV » dans certains titres, comme d4s, qui réalise carrément le portage du jeu LaserDisc « Road Blaster » sur SNES MSU1.
Il est maintenant possible de jouer ou rejouer à un bon nombre de jeux SNES patchés MSU1 et disposant d’améliorations, voir d’une réorchestration complète au niveau de leurs bandes son. Ce n’est pas « mieux » ou « moins bien » que les musiques d’époque qui étaient composées avec un grand nombre de contraintes, un grand soin et souvent avec beaucoup d’ingéniosité pour tirer partie le plus efficacement possible des circuits sonores de la console. C’est juste différent et amusant. Ça permet de redécouvrir certains jeux d’une autre oreille. Le temps d’une partie, de transformer le mirage du lecteur de CD-ROM de la Super Nintendo en réalité. De rêver !
Où trouver les patchs des hacks MSU1 ?
Un site web regroupe l’ensemble de ces patchs MSU1. Il s’agit du forum Zeldix.net et plus précisément de son sous-forum « MSU-1 Hacks Database » . Vous n’y trouverez pas les ROMs des jeux (puisque Nintendo leur fait la chasse sur Internet), mais l’ensemble des autres fichiers permettant de patcher vos ROMs en MSU1 par vous même.
Deux types de fichiers sont disponibles :
- Le patch MSU1 dans une archive compressée. Cette archive comprend plusieurs fichiers dont :
- un fichier d’explications au format PDF ou dans un format lisible par un traitement de texte (Writer, MS-Word & co.). Ce fichier vous explique normalement avec quelle ROM le patch peut être appliqué (ROM US/JAP/PAL/PAL française/PAL allemande/…) et parfois même la marche à suivre pour appliquer le patch. Chacun fait un peu comme il veut à ce niveau et il faut donc bien prendre connaissance de ce fichier.
- le patch lui même souvent au format *.ips ou *.bps. Il peut aussi y avoir plusieurs patchs pour différents résultats ou différentes ROMs, mais tout ceci vous sera alors expliqué dans le fichier dont on parlait juste au point précédent.
- un fichier *.msu qui va potentiellement contenir des vidéos façon FMV et parfois d’autres infos concernant le son. Dans 90% des cas, les patchs MSU1 ne rajoutent pas de vidéo au jeu, mais juste des musiques et ce fichier est donc parfois vide (mais sa présence est indispensable).
- des fichiers *.xml, *.asm, *.bml, mais nous n’allons pas nous intéresser à ces derniers, ni les utiliser.
- Au moins une archive compressée contenant les différentes pistes audio au format *.pcm. Vous avez souvent le choix entre plusieurs packs de musiques. Tous ces packs sont compatibles avec le patch MSU1 et c’est à vous de faire votre choix en fonction de vos goûts.
Comment patcher une rom ?
Certains développeurs/hackeurs fournissent leur patch avec tous les logiciels nécessaires pour l’appliquer sur la ROM originale du jeu, ainsi qu’une petite procédure expliquant comment faire. Dans un tel cas, il faut évidement suivre les consignes. Je vais rapidement vous expliquer comment faire dans les autres cas (cela fonctionne de toute façon presque tout le temps).
Réunissons déjà les quelques éléments indispensables :
- La rom du jeu. On vous explique normalement quelle ROM utiliser dans les consignes disponibles avec le patch. Vous pourrez télécharger la ROM correspondante sur Archive.org ou Myrient. Bien évidement, vous ne devez normalement pas télécharger les ROMs des jeux que vous ne possédez pas,
- Le patch MSU1. Disponible sur Zeldix.net comme expliqué dans la partie précédente. Le patch au format *.ips ou *.bps, ainsi que le fichier *.msu.
- Un pack de musiques. Disponible au même endroit que le patch MSU1 (la même page) et contenant un certains nombres de pistes audio au format *.pcm.
- Un logiciel pour appliquer le patch sur la ROM du jeu. Il en existe beaucoup, mais si vous n’avez pas de préférences, nous allons utiliser Flips (Floating IPS) de Alcaro car c’est celui que j’utilise de mon côté. Vous pouvez le télécharger ici même : Flips v1.3.1.0.
Marche à suivre (procédure standard) :
- Décompressez la ROM du jeu, le patch MSU1 et le logiciel Flips,
- Lancez l’application Flips,
- Appuyez sur le bouton « Apply Patch » (« Appliquer un patch »),
- Sélectionnez le fichier *.ips ou *.bps du patch,
- Sélectionnez la ROM du jeu *.sfc,
- Enregistrez le nouveau fichier en lui donnant le même nom que le fichier *.msu. Par exemple, pour Star Ocean, vu que le fichier *.msu du patch se nomme «
so_msu1.msu
» , il faut nommer la ROM que vous venez de patcher «so_msu1.sfc
» , - Décompressez le pack de musiques,
- Ce dernier est composé de plusieurs fichiers *.pcm. Par exemple, pour Star Ocean, les fichiers se nomment tous «
so_msu1-xxx.pcm
» où «xxx
» est un nombre (l’index des pistes audio), - Il ne reste plus qu’à regrouper l’ensemble de ces fichiers au même endroit comme sur la capture d’écran ci-dessous.
Vous pouvez dès à présent lancer votre ROM *.sfc sur votre émulateur Super Nintendo préféré et compatible MSU1 comme Ares (le descendant de bsnes/higan/byuu) et Snes9x ou directement sur votre console Super Nintendo si vous disposez d’une cartouche flash compatible MSU1 comme la SD2SNES / SD2SNES PRO / FXPAK PRO d’Ikari fabriquées par Krikzz.
Nota : si vous jouez sur la console FPGA « Super Nt » d’Analogue, il faut se rendre dans les options de la console, puis dans les paramètres « AUDIO » et bien cocher l’option « Cartridge Audio Enable » pour que le son MSU1 de la cartouche SD2SNES / FXPAK PRO soit actif.
Bon jeu à toutes et tous !